Actualités
Chrétiens d’Orient : le cri du Père Musa
- 19 mai 2016
- Posté par: Antony Burckhardt
- Catégorie: Conférence
CREUTZWALD. Près de 200 personnes se sont rendues ce jeudi 19 mai à l’église Sainte-Thérèse de Neuland pour assister à la conférence « Entre la mort et la survie : les chrétiens au Moyen-Orient sont-ils voués à l’extinction ? », organisée par la Fédération Pro-Europa Christiana avec le soutien de l’abbé Meyer, curé de la paroisse Sainte-Croix. Parmi l’assistance, Jean-Paul Dastillung,vice-président du Conseil départemental, André Bohl, sénateur honoraire, Helga Maleska, Première adjointe au maire de Creutzwald et Gilbert Hardt, maire de Remering. Étaient également présents les curés de L’Hopital et Boulay.
Le conférencier, le Père Musa Yaramis, prêtre chaldéen-catholique, a été contraint de quitter la Turquie pour la Belgique à l’âge de 16 ans en raison de la persécution religieuse dont sa famille était vicime. C’est donc en témoin privilégié qu’il a évoqué le sort dramatique des chrétiens d’Orient. Ceux-ci représentaient encore 20 % de la population au Proche-Orient avant la Première Guerre mondiale, a-t-il rappelé. Ils sont aujourd’hui moins de 4 %, victimes de « l’épuration » menée par les islamistes. En Turquie, les chiffres sont particulièrement éloquents : les chrétiens constituaient 30 % de la population au début du 20ème siècle, ils représentent à présent 0,05 % de celle-ci.
En juin 2014, la ville de Mossoul, en Irak, a été prise par les terroristes de Daesh qui ont obligé les chrétiens à une alternative terrible : le départ immédiat – dépouillés de tous leurs biens – ou la possibilité de rester mais avec pour choix la dhimmitude (payement d’une taxe spéciale et situation d’infériorité juridique), la « conversion » à l’islam ou la mort. Hélas, ces persécutions ne sont pas le seul fait du pseudo-Etat islamique. Humiliations, enlèvements, massacres : les chrétiens subissent quotidiennement, et depuis plusieurs décennies, la haine des fanatiques musulmans dans la plupart des pays du Proche-Orient. L’État irakien lui-même discrimine les chrétiens, sans que l’Europe ou les États-Unis, qui sont ses protecteurs, n’interviennent.
Le Père Musa a interpellé avec vigueur l’assistance : « les pays occidentaux de culture chrétienne traitent les musulmans avec respect. Alors qu’attendent-ils pour exiger la réciprocité de leurs alliés vis-à-vis des minorités chrétiennes? » Le sort de ces dernières au Proche-Orient est d’autant plus révoltant qu’elles y sont établies de longue date, souvent bien avant l’arrivée de l’Islam.
Privés de toit, de travail et de terres, confrontés à une insécurité permanente, les chrétiens prennent en masse le chemin de l’exil. Malheureusement, leur calvaire ne s’arrête pas à la frontière des pays qu’ils fuient. Sur leur route, ils sont victimes des passeurs qui leurs extorquent des sommes colossales sans leur garantir la moindre sécurité – beaucoup de réfugiés périssent en mer d’Égée – mais aussi de vexations de la part de certains organismes humanitaires musulmans. Enfin, vient le choc de l’arrivée en Occident. Alors qu’ils espèrent se trouver en terre chrétienne, et donc amie, les réfugiés découvrent que victimes et bourreaux y sont accueillis sans distinction. Des associations catholiques refusent d’aider prioritairement les chrétiens sous prétexte d’éviter toute discrimination, a révélé le Père Musa.
Face à l’offensive islamiste, qui touche à présent nos pays européens, et à la tragédie dont sont victimes les chrétiens d’Orient, qui n’est pas sans rappeler le sort des Juifs lors de la Seconde Guerre mondiale, le Père Musa a lancé un appel qui a rencontré l’approbation du public : « appelons un chat un chat ! Cessons d’être naïfs ou hypocrites ! L’Islam a un grave problème qui se trouve dans ses textes mêmes ».
Après un temps consacré aux questions-réponses et une quête au profit des œuvres du Père Musa, la soirée s’est conclue par un verre de l’amitié où les personnes présentes ont eu l’occasion de féliciter et d’encourager le conférencier.
Dénoncer la persécution dont sont victimes les chrétiens d’Orient est un devoir que chacun peut accomplir à sa mesure. C’est aussi le premier pas pour en finir avec cette tragédie car le silence tue, a averti le Père Musa. Au vu de l’émotion suscitée par son intervention il est certain que le message est bien passé à Creutzwald.
A. Burckhardt